La Gauche aux commandes de la mondialisation


Deux socialistes à la tête des Organisations Internationales les plus contestées, Pascal Lamy à l’OMC et Dominique Strauss Khan (DSK) au FMI. Deux organisations, symboles de la mondialisation (conception Anglaise) au sens économique à savoir la circulation des marchandises et de la finance. En fouillant un tout peu dans le répertoire de revues spécialisées ou pas, l’on se rendra compte combien de fois, ils sont nombreux les écrits d’Hommes de Gauche qui ne ménagent guère le fonctionnement et les résultats atteints par ces ceux organisations en terme de critiques et notamment le FMI. Dans l’ensemble, l’arrivée de DSK est plutôt bien accueillie notamment par les pays émergents et les ONG et ce, pour des raisons complètement différentes. Les ONG pour plus de régulation du système financier international et faire de son essor un facteur de développement à l’échelle globale donc à une meilleure répartition des gains entre pays riches et ceux pauvres qui, pour la plupart subissant plutôt les effets néfastes de l’ouverture de ce segment de leurs économies la concurrence internationale. Pour les pays émergents l’objectif est tout autre à savoir le rééquilibrage des pouvoirs dans cette institution pour mieux tenir compte de leur poids dans l’économie mondiale et rappeler une fois de plus que la configuration de l’économie mondiale à changé en terme d’acteurs mais que les institutions multilatérales sont toujours celles de l’après guerre. Raison pour laquelle, une nouvelle répartition des quotes part qui définissent en réalité le pouvoir de décision de chaque Etat au sein de l’organisation demeure une exigence et mènera forcément à une baisse relative de celles des Etats-Unis autour de 17%, leur conférant ainsi de fait un droit de veto. L’Union Européenne quant à elle avec près de 32% ne pose pas un gros problème car ses membres ont du mal à trouver le consensus sur nombre de dossiers, mais cela reste quand même un point intéressant à suivre car les Etats-Unis avec moitié près de voix a plus d’influence que ce bloc économique.

L’arrivée de DSK, farouche militant pour une forte régulation de la mondialisation afin qu’elle soit porteuse de progrès pour l’ensemble des pays augure t-elle une nouvelle ère dans l’inflexion de la position idéologique de cette organisation ? Rien n’est moins sûr, même si tout procès d’intention est prématuré et dangereux. Il est clair que la désignation de DSK a une fois de plus obéit à l’accord tacite devenu principe de partage entre l’Europe et les Etats-Unis des directions du FMI et de la Banque Mondiale, chose qui, dans l’avenir aura du mal à passer tant les réticences sont importantes de la part des pays comme la Chine, l’Inde ou le Brésil, aspirant eux aussi à une certaine reconnaissance internationale. On sait que les institutions internationales sont avant tout les lieux d’expression de préférences nationales que communes d’où l’intérêt du renforcement de leur poids dans ces centres de décisions. Ayant saisi cela et vue l’importance de la finance internationale de nos jours, on comprend aisément la dimension stratégique qu’a encore le FMI pour ces pays mais aussi d’autres.

La réussite de DSK à la tête de cette organisation passera forcément par l’engament de reformes profondes, par exemple pour une nouvelle répartition des quotes part donc négocier implicitement l’acceptation par les Etats-Unis d’une baisse relative de leur poids. Connaissant le FMI et ses liens étroits avec le trésor Etatsunien ainsi que le enjeux y afférents, on peut imaginer le boulot qui attend la nouvelle direction. Deuxièmement, cette Organisation devrait revenir à sa mission d’origine, plus conforme à ses statuts à savoir la surveillance du système monétaire internationale, l’aide aux pays en difficultés pour faire face à leurs déséquilibres temporaires notamment au niveau de la balance des paiements afin d’éviter les crises et non jouer la fonction des « sapeurs pompiers » après ou se transformer en institution de développement international. Il faudrait que le FMI devienne une organisation ou se discutent et s’élaborent les principes et règles de la gouvernance collective internationale dans le domaine de la finance, comme c’est le cas pour toutes les autres organisations multilatérales, dans leurs compétences respectives.

Bref un autre agenda beaucoup plus crédible et facteur d’équilibres à l’échelle globale est aujourd’hui nécessaire pour cette organisation comme l’appellent nombre de spécialistes et ce, depuis l’échec des programmes d’ajustement structurel notamment en Afrique. On le sait maintenant en s’appuyant sur le théorie mais aussi sur l’expérience pratique que la libération financière peut engendrer de graves crises pour des économies « faibles » institutionnellement, et même les pays développés font les frais d’une ouverture trop poussée et sans régulation de la finance, il n’ y a qu’à voir la crise des prêts hypothécaires et ses conséquences aux Etats-Unis et en Europe. Si cette crise parait de nos jours jugulée, il n’en reste pas moins qu’en l’espace de quelques jours, la confiance qu’ont les acteurs économiques notamment les épargnants dans les pays développés a elle été sérieusement affectée. Et l’économie étant une science très « psychologique » surtout sur le segment des marchés financiers, cela pourrait avoir des conséquences à moyen et long terme. Bref tout ce dont les marchés financiers ont besoin comme au niveau de l’ensemble de l’économie, c’est de la régulation publique pour mieux tenir compte des externalités et faire en sorte que les gains soient mieux répartis entre les différents pays de l’économie mondiale et non aller à une certaine catégorie d’acteurs le plus souvent des spéculateurs.

Aujourd’hui, rien qu’à voir les multiples crise financières depuis une dizaines avec des conséquences le plus souvent désastreuses pour des économies entières (Asiatique, Argentine, prêts hypothécaires aux Etats-Unis…), l’on se rend compte de la pertinence du plan Keynes à la création des institutions de Brettons Woods, même si dans les faits l’idée du dernier prêteur et du sauveur est toujours assurée par les Banques Centrales. Pour exemple, la BCE a investi en quelques jours cet été un peu plus de 200 milliards en euros cumulés pour éviter l’enlisement de l’Euro Land dans la crise des prêts hypothécaires venus des Etats-Unis et éviter ainsi le manque de liquidités et la panique chez les épargnants. Dans ce même registre et fait rarissime, la Banque d’Angleterre sauva in extremis la Northern Rock, l’une des plus grandes banques du pays pourtant ayant commis une erreur stratégique en terme d’octroi de crédit pour avoir toujours misé sur la disponibilité du prêt interbancaire…qui, à ce moment précis fit défaut par manque de confiance entre les banques. Voilà ce qu’est l’économie libérale en Angleterre où l’on sauve des entreprises ayant fait des erreurs en terme de stratégie qui, selon la théorie apprise dans la faculté aurait dû aller directement en faillite au nom de la concurrence. Importante leçon pour tous ces pays qui perdent à l’ouverture économique ou qui trouvent tant d’obstacles en terme d’accès aux marchés pour des produits dont ils ont des avantages comparatifs.

Sacré boulot pour l’équipe de DSK, réussira t’il ou non, telle est la grande question, apportera t’il quelque chose de nouveau en tant qu’homme de Gauche ? Pourquoi ne pas y croire et tenter d’apporter du sien ne serait-ce qu’à la compréhension des contraintes et des enjeux relatifs à la réforme du système monétaire et financier international, même si à voir les résultats de Pascal Lamy à l’OMC avec des négociations en panne sur le cycle de Doha, on resterait plutôt réservé et dubitatif. Après tout, il parait que c’est l’espoir qui fait vivre, qui nous fait croire en de lendemains meilleurs (et ce malgré les difficultés du moment) et qui nous maintient sur une dynamique de réflexion et d’action pour pouvoir changer les choses et ainsi espérer servir des causes nobles au profit de soi et des autres. Car, le jour où l’on devient pessimiste, on cesse de vivre et l’on tendra à admettre que l’Homme ne peut rien alors que par son intelligence et son imagination, au fil de l’histoire, il est arrivé à changer tant de situations le plus souvent pires. Raison pour laquelle je ne suis pas d’avis de ceux qui pensent que DSK aurait dû refuser le poste, hormis c’est une consécration personnelle et une certaine reconnaissance de ses compétences intellectuelles. Il y’a deux façons généralement de changer un système en restant à l’intérieur en essayant d’apporter de la différence en terme d’approche et d’analyses pour créer autour de soi une dynamique interne ou en restant hors et chercher à créer une autre dynamique. Il (DSK) a choisi la première, les réticences seront fortes tant les enjeux sont importants pour les grands pays mais aussi les pays pauvres, le bilan sera fait cinq années après. D’ici là je lui souhaite bonne chance.

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