La Guinée: l'espoir est permis mais...


Parler de l’avenir de la Guinée à un moment où la persistance de la pauvreté est réelle doublée d’une dégradation de la situation politique peut paraître une attitude vaine. Personnellement je suis pour une confrontation des idées et pour des raisons de formation, j’axerai mes propos sur l’économie, étant entendu que ce champ ne peut être séparé de ceux du social et de l’environnemental. De nos jours encore, nul n’ignore que l’Etat est le garant de la destinée collective d’un pays et son rôle pour fournir à sa population un bien être individuel et collectif reste la question centrale de l’économie. Un bon fonctionnement du système économique requiert au moins une architecture institutionnelle solide fournie par la puissance publique pour assurer une création et distribution efficace et efficiente de la richesse. Cet aspect fait énormément défaut à la Guinée alors que l’efficacité économique dont nous avons tant besoin est corrélée positivement avec celle institutionnelle. Il nous faut un Etat qui, par la loi assure l’expression des libertés individuelles et collectives, réprime l’impunité… par la mise en place d’institutions démocratiques où la séparation des pouvoirs est établie par la loi et reconnue par tous comme étant la base de notre expression commune d’une maturité en faveur de notre mieux vivre ensemble. En plus de cela, nous avons besoin d’un Etat doté d’une vision de développement, disposant d’une stratégie au moins par décennie pour une cohérence des politiques économiques et lever ainsi les incertitudes en terme d’investissements humains et financiers de la part des acteurs dans le temps.

Aujourd’hui, l’état de la gouvernance économique et financière avec la gestion laxiste des politiques budgétaire et monétaire pose véritablement la question de l’adhésion de la Guinée dans à une zone monétaire. Travailler dans ce sens est nécessaire car, à l’heure de l’économie globale où même les économies puissantes se regroupent, l’une des solutions pour nos économies précaires et balbutiantes reste une intégration réussie dans ces domaines. Intégrer l’Union Economique et Monétaire de l’Afrique de l’Ouest (UEMOA) reste mon choix car la Guinée partage avec des pays « importants » de cette zone des frontières et un passé historique (récent et lointain) avec l’ensemble parce que l’Afrique Occidentale Française nous a légué nos structures politico-adminstratives et une langue commune. D’énormes sacrifices seront nécessaires pour respecter les critères de convergence de cette zone dont une adhésion permettrait enfin d’engager de véritables réformes structurelles indispensables et de dynamiser le commerce intra régional. Notre avenir se jouera au moins à l’échelle de l’Afrique de l’Ouest et il est temps de s’engager véritablement dans la démarche de l’intégration régionale tant les enjeux sont importants.

Autre chose à l’heure de la mondialisation, il est temps de saisir qu’il est impossible pour la Guinée de se forger une véritable stratégie de développement sans tenir compte des attentes et atouts d’une partie de ses citoyens qui, pour des raisons diverses vivent en dehors de ses frontières, communément regroupés sous l’appellation de « Diaspora ». Venus d’horizons différents avec des savoirs, savoirs faire et savoirs être divers et des réseaux d’influence, choses fondamentales dans un monde global, ces guinéens sont un atout pour le futur. Ils (ces guinéens) disposent de moyens financiers importants, d’une expertise dans nombre de domaines sans oublier l’esprit d’initiative qui peuvent s’avérer utiles pour notre pays. La prise en compte de leurs attentes par leur intégration dans la conception et la mise en oeuvre de nos choix collectifs, nous permettra en fin, de dépasser la cynique opposition qui en réalité nous fait tant de mal à savoir, Nationaux versus Diaspora. Des expériences des pays voisins et émergents montrent l’importance accrue du rôle que peut jouer dans le développement cette partie de la population. Dans l’avenir, la Guinée par des dispositifs institutionnels devrait optimiser ces apports financiers et compétences en les orientant vers des projets de développement collectifs et faire ainsi de ces citoyens de véritables entrepreneurs dans leur pays d’origine.

Aujourd’hui, je rêve d’une Guinée où chacun se sentira concerné face au destin collectif, une Guinée où la solidarité inter et intra générationnelle en terme de partage des richesses et de transmission des savoirs sera la règle et non l’exception. Dans un futur immédiat et lointain, il s’agira pour la Guinée à travers l’ensemble des composants de sa nation, par des actes forts de recréer l’espoir dans le coeur de ses millions de citoyens bénéficiant ainsi de leurs engagement et adhésion aux choix collectifs. Chaque acteur devrait s’y reconnaître pour mesurer à titre individuel les progrès qui s’accomplissent au quotidien. Ceci dit, en chacun de nous devrait renaître le flambeau de l’optimisme nous conduisant vers l’action pour qu’à chaque instant, l’on se dise «c’est encore possible» et ainsi agir pour soi – même et les autres car, le bonheur individuel n’a de sens que dans celui collectif. La recette première à mon avis pour le décollage économique et le développement d’un pays réside dans la foi qu’ont ses citoyens en son avenir en tenant compte de ses atouts et contraintes. Réussir ce pari passera par notre capacité à mobiliser et à faire travailler le maximum de guinéens venus d’horizons différents pour bénéficier de leurs expériences qui nous seront indispensables dans notre quête de bonheur collectif.

Commentaires

Anonyme a dit…
Well written article.

Posts les plus consultés de ce blog

L’électricité, un bien toujours rare en Guinée

Conakry, Capitale Mondiale du livre en 2017 : la mobilisation ne fait que commencer

« En Guinée, la décentralisation a buté sur sa forte politisation »