Le Codéveloppement : Arrêtez d’amuser la galerie


Comme d’habitude à chaque élection présidentielle française les relations France Afrique s’invitent avec des thèmes, de notions et des concepts. Cette fois ci, c’est le cas du co-développement. Ajouter le préfixe Co au terme développement voudrait dire une coopération plus enclin à tenir compte des intérêts des deux partenaires et son usage par l’ensemble des candidats à cette élection présidentielle quand il s’agit de parler de l’Afrique illustre clairement les échecs de la coopération française en Afrique, d’où une nécessité profonde de changement. Certes cette notion pour des raisons d’humanisme et de réalités quotidiennes dégage une certaine unanimité, mais cela n’enlève en rien le fait qu’elle soit encore très floue et manque de crédibilité, car usité par des candidats que tout sépare dans la vie (idéologie, pratiques…), alors restons prudents. Lequel du co-développement de Monsieur Sarkozy, de Madame Royale, de Monsieur Bayrou et de Monsieur DE Villiers correspondrait aux besoins Africains ? Comment comprendre que ces mêmes candidats appelant à la rupture de la France Afrique depuis DE Gaulle, défendent encore la préférence communautaire, restent timides sur la réforme de la PAC et les exportations d’armes vers l’Afrique, sont contents des profits records de Total…sans oublier le soutien à des élites politiques africaines peu scrupuleuses. Voilà toute l’ambiguïté de l’économie et de la politique internationales. Mais cela on le sait déjà.

La notion du co-développement pourrait être noble traduisant une certaine volonté de faire autrement de la France en Afrique et un certain humanisme vers ce continent « pauvre » mais, elle peut contenir tout et son contraire. L’engagement de la France dans une véritable politique de co-développement en Afrique dépend de ses objectifs extérieurs et de ses contraintes internes, définissant finalement ses marges de manœuvre. Réduire sa dette colossale, revenir en Europe, réduire la fracture sociale (logement, chômage), retrouver la compétitivité économique… voilà autant de problèmes qui attendent la France de demain et qui sans nul doute limiteront fortement l’engagement de la France en Afrique sur le plan financier, humain et matériel. La réflexion honnête serait de s’engager vers une réorientation de l’aide déjà existante pour plus d’efficacité au bénéfice des populations locales et non promettre davantage et d’ailleurs, la France n’a-t-elle pas toujours promis ? Mais comment expliquer aujourd’hui qu’à l’exception de quelques pays à instabilité politique chronique, que les pays francophones subsaharienne soient les plus pauvres d’Afrique. A vrai dire, il y a quelque chose qui ne va pas depuis longtemps.

Cette coopération franco-africaine a besoin d’un nouveau souffle, une réorientation profonde en tenant compte des réalités actuelles, mais à voir le dernier sommet de Cannes, ce changement ne semble pas venir dans le moyen terme. L’Afrique à certes besoin d’argent mais davantage de justice économique, de réorientation politique, d’accompagnement, de considération…et vers ce chemin, la France peut encore avec une volonté soutenue aider ses partenaires historiques à sortir du sous-développement et ce malgré la perte visible de son influence en Afrique. La politique est à certains égards un engagement noble, une campagne électorale est un moment de propositions de l’action politique future, mais une fois de plus leur analyse profonde s’avère utile et nécessaire pour mieux comprendre leurs enjeux et les moyens nécessaires à leur effectivité.

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