Connectés mais pas branchés


La mondialisation telle que nous la vivons actuellement a été largement accélérée par l’accès aux Technologies de l’Information et de la Communication. L’information est devenue précieuse, primordiale voire même stratégique aux yeux des acteurs socioéconomiques. Premières impressions en Afrique après quelques années d’absence, partout fleurissent des locaux de Western Union et des antennes relais, véritables signes d’interdépendance entre des territoires et entre des populations. Western Union pour les flux financiers généralement du Nord au Sud ou plus spécifiquement des zones d’activités économiques vers celles qui aujourd’hui en manquent. Les autres comme vous le comprendrez devant faciliter l’interconnexion entre villes et campagnes, entre villages ou tout simplement rendant possible la connexion d’une frange importante de la population de ce continent au reste du monde. Nous sommes à l’ère de ces moyens de communication et le continent Africain est loin d’être en marge de cette évolution, même si pour beaucoup d’entre nous des investissements massifs restent à faire par nos Etats notamment en terme d’infrastructures. Nul doute de nos jours que ce continent reste l’un de endroits où prospèrent encore les multinationales téléphoniques. Des pays qui, il y a quelques années n’avaient qu’une entreprise publique de télécommunication multiplient les licences. Devons nous rougir de ces évolutions majeures ? Certainement pas à première vue au regard des bénéfices que cette situation procure aux populations par l’accès à des services divers et variés leur permettant à la fois d’être en contact, de multiplier les possibilités d’échanges et ainsi dynamiser l’activité économique, de s’ouvrir à autrui et au monde, bref de vivre simplement comme citoyens de ce siècle nouveau.

Il est clair que ces technologies sont aujourd’hui indispensables à l’émancipation de l’Homme et ce n’est pas moi qui dirais le contraire car travaillant à leur vulgarisation avec d’autres bien évidemment depuis un certain temps. Mais une fois de plus ce constat reluisant certes ne devrait couper court à notre réflexion sur l’impact de ces moyens des sociétés dites modernes et plus particulièrement celles africaines. Aujourd’hui les portables se banalisent en Afrique, détenir plusieurs numéros de téléphones rentre presque dans le cadre du « normal » car à la fois nécessité mais aussi il faut le reconnaître signe des temps. En parcourant l’Afrique, on a vraiment l’impression que chacun a un portable dont le service continue de révolutionner les habitudes des populations. Cela reste aujourd’hui un vrai paradoxe dans un continent supposé et même vivant à certains égards dans l’extrême pauvreté monétaire. L’Afrique reste aujourd’hui encore le continent où l’IDH est au plus bas de l’échelle mais qui est pourtant l’endroit où se développent davantage les services téléphoniques et qui sont loin d’être gratuits. C’est dire quelque part que les populations détiennent un certain pouvoir d’achat dont la diversification en terme d’affectation pourrait leur assurer d’autres services dits fondamentaux pourvu qu’ils soient accessibles.

Tous connectés et personne branchée telle est une des réalités de ce continent. L’Afrique est encore le continent où l’accès à l’eau, à l’électricité, à l’assainissement à la santé bref à tout ce qui peut accroître le bien être individuel et collectif reste problématique dans l’ensemble. Au vue de cette situation et du constat précédent, quelques pistes de réflexion peuvent être dégagées pour alimenter le débat et inspirer ainsi la conduite de nos choix politiques. La première demeure que les populations africaines dans leur ensemble dispose d’un certain revenu que les services d’eau et d’électricité par exemple par des logiques nouvelles en terme d’approches commerciales et d’investissements pourraient capter. L’idée est qu’il existe une quantité d’argent que ces entreprises dans une logique de service public peuvent récupérer en développant de nouvelles façons de faire, de nouveaux modes d’organisation et de fourniture des ces services. Des exemples ont montré que lorsque ces innovations existent les populations peuvent être disposées à s’investir financièrement car supportant au quotidien des prix élevés des services d’eau et d’électricité dont la qualité laisse souvent à désirer Par exemple, en Afrique, les citoyens paient plus cher l’eau lorsque dans le service interfèrent nombre d’opérateurs privés. C’est dire tout simplement que l’idée que les populations Africaines sont si pauvres qu’elles sont incapables de supporter les tarifs des services fondamentaux est quelque part écorchée. Comment les multinationales téléphoniques arrivent a créer de besoins et à capter des revenus disponibles ? Il appartient aux institutions chargées d’assurer les services publics de développer d’autres approches pour les rendre accessibles. Et ainsi, le citoyen lambda comprendra ainsi leur nécessité et aura une raison de les soutenir financièrement. Il y a espace à expérimenter de nouvelles approches en terme de production et d’organisation an relation avec les acteurs concernés.

La deuxième réflexion porte sur le rôle des pouvoirs publics en terme de choix stratégiques permettant de créer un certain environnement devant favoriser l’accès aux services fondamentaux et de réorienter au fil du temps les besoins des populations. Il est clair que les choses ne pourraient être acceptées en même temps car les changements de comportements s’inscrivent dans la durée. Mais le politique a pour rôle de poser des jalons et de définir des caps et non simplement comme le dit souvent un ami de satisfaire des lubies. La troisième réflexion nous concerne en tant que citoyen. Combien rechignent encore a payer leurs factures d’eau et d’électricité pourtant largement inférieures en cumulé au coût de leurs communications téléphoniques de la même période ? C’est dire qu’une réorientation profonde de nos habitudes et comportements est nécessaire pour soutenir des services devant rester publics pourvu qu’ils soient accessibles à tous. Des études par exemple doivent être menées pour mieux comprendre les logiques d’affection des revenus des citoyens non pas pour les dissuader de téléphoner mais pour davantage comprendre leurs choix et réfléchir ensemble sur la conduite de nos politiques publiques, sur les marges dont nous disposons ainsi que les leviers pour que ces dernières atteignent leurs objectifs à savoir permettre a chacun et à tous d’accroître son bien être.

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