Les collectivités locales à l’international : Quels défis aujourd’hui ?


…Et Africités 2009, Sommet Mondial des Régions sur la Sécurité Alimentaire, janvier 2010 à Dakar; Copenhague 2009…que d’initiatives des collectivités locales à l’échelle continentale et internationale pour s’impliquer dans la résolution des problèmes du monde. C’est un secret de polichinelle de dire que les processus de décentralisation sont en marche dans la majeure partie du monde. Ils sont considérés comme mieux à même de faire émerger une vraie démocratie et un développement au local et par ricochet à l’échelle nationale. De nos jours on assiste à l’émergence des collectivités locales en tant qu’acteurs sur la scène internationale, comme ce fut le cas des ong il y a un peu plus d’une décennie. Ces institutions veulent s’exprimer et surtout être écoutées sur certaines questions dans un monde interdépendant et complexe. Elles s’organisent à cet effet tant au niveau des Etats qu’à l’échelle internationale pour essayer de peser à travers le lobbying sur la conduite de certaines politiques publiques. Cette approche reste tout à faite compréhensible, car si nombre de problèmes appellent à des solutions globales, leur résolution passe forcément par la conduite de politiques publiques sur des territoires, qui le plus souvent du fait des processus de décentralisation sont administrés par ces dernières. C’est l’une des raisons qui fait que les associer au débat peut s’avérer vraiment utile pour mieux comprendre les problèmes et surtout imaginer les solutions avec l’ensemble des acteurs.

L’international a toujours été et demeure encore un champ d’exercice de grands ensembles qui, en cette période contemporaine trouve leur cristallisation dans les Etats et leurs regroupements à travers des ensembles régionaux et/ou d’institutions internationales. Ce qui fait que l’irruption de collectivités locales à cette échelle doublée de leur activisme interroge tant sur leurs légitimité et capacité d’action. Cela peut être rapproché du débat sur le rôle et la place des ong dans la gestion des affaires globales à partir de la décennie 1990. L’innovation dans leur démarche demeure souvent sur le fait qu’elles proposent des pistes de réflexion, des solutions dites de terrain ayant souvent fait l’objet d’expérimentation sur leurs territoires. Certes à des échelons beaucoup plus réduits mais qui ont l’avantage de montrer un exemple. Le plus souvent, faut le rappeler elles font preuve d’audace, d’innovation dans la gestion publique à travers l’expérimentation de logiques d’intervention permettant au mieux de mobiliser les acteurs de leurs territoires en vue d’atteinte d’objectifs donnés. C’est à la fois une vision et une démarche qu’elles essaient de faire passer dans les instances internationales qui ne peuvent pas être certes toujours sans critiques mais ont quand même l’avantage d’alimenter les débats et de proposer des alternatives pouvant être mises à l’épreuve. Dans ce jeu complexe et très politique, rien n’est jamais gagné d’avance et l’exemple de Copenhague montre que dans les négociations internationales à tout moment les Etats au sens classique du terme peuvent reprendre le dessus.

Cette réalité fait que ces nouveaux acteurs de la politique internationale pour atteindre leurs objectifs doivent relever certains défis dont en premier trouver leur place. Dans les faits ce n’est pas si simple dans un champ où les Etats restent encore maîtres du jeu. Cela passera nécessairement par la pertinence de leurs approches, l’homogénéité de leur groupe d’action favorisant l’émergence de préférences collectives qui contrebalanceront celles des autres acteurs. Ce constat est valable tant au niveau national qu’international où le jeu politique fait qu’en réalité la définition de la norme n’est que le fruit de compromis entre groupes concernés découlant de leurs poids et capacité de négociation. Pour les collectivités locales, il s’agira pour elles de créer et de dynamiser des réseaux pour peser tant aux niveaux national et international par l’expression d’une vision claire et d’approches d’action alliant réalités de terrain et efficacité. Leur activisme pour être efficace devrait reposer sur de réels dispositifs opérationnels palliant aux insuffisances des intervenants traditionnels (Etats, bailleurs de fonds…). Il s’agira de promouvoir une nouvelle diplomatie ancrée sur la proximité pour une réelle prise en compte des besoins, l’établissement de relations durables entre partenaires où chacun se reconnaîtra et sera valorisé tout en bénéficiant des savoirs et savoirs faire de l’autre. Cela demeure un exercice périlleux tant les différences existent entre entités, je le consens mais cela est nécessaire pour impulser des dynamiques locales capables d’avoir des effets à l’échelle internationale. Cela renvoie une fois de plus à cette co-construction des stratégies d’intervention sur leur propre territoire et à l’internationale et à cette capacité de pouvoir s’insérer dans des dynamiques beaucoup plus globales.

Traditionnellement la diplomatie a été conçue pour réponde à deux impératifs à savoir la paix et le développement. Nombre de stratégies de développement à l’échelle internationale ont montré leurs limites. Jamais, le monde n’a été si riche mais paradoxalement, il n’a concentré autant de démunis, d’exclus bref de la misère sociale. L’action des ong à l’échelle internationale avait fait naître cet espoir d’une « humanisation » du système économique mondial et pour une meilleure répartition des richesses. Des batailles louables ont certes été gagnées mais beaucoup reste encore à faire. C’est sur le triptyque paix, développement et solidarité que les collectivités locales sont appelées à agir en construisant des réseaux simples mais viables permettant de s’entraider mutuellement et espérer ainsi peser sur la conduite des politiques publiques internationales. C’est déjà bien qu’un acteur qui pourrait être important puisse chercher à s’affirmer à international car les problèmes demeurant complexes, leur résolution appelle forcément à la conduite de stratégies concertées et à la nécessité de faire évoluer les logiques d’interventions antérieures. C’est là certaines des difficultés de l’action dans le champ du développement international mais aussi toute sa richesse. S’y investir appelle constamment à la réflexion, à l’innovation dans les démarches de la part des acteurs sans oublier l’objectif qui devrait rester celui de permettre à chacun de mieux vivre dans son environnement.

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