Qu’ils aillent tous à l’hémicycle
Nous attendons
toujours notre assemblée nationale, avec une incertitude sur la participation
de l’opposition. L’heure est aux tractations dans les deux camps, pour
s’assurer le meilleur pour les formations politiques et/ou les individus, et
sans nul doute se positionner sur l’échiquier politique national. Attitudes normales
en politique, sauf qu’en guinée, les choses vont très vite et deviennent
parfois incontrôlables. La prouesse, c’est d’être arrivé à organiser cette
élection maintes fois reportées, plus de 10 ans, après celle boycottées de
2002. Personne n’aurait jamais parié que les choses auraient pris autant de
temps… pour arriver à une élection dont les résultats sont encore contestés.
Conséquence, a vécu sans une représentation nationale légitime, donc sans véritable
débat politique interne sur les choix collectifs. Personne n’ignore où cette
situation, nous a conduits, une instabilité politique et institutionnelle. Ces dernières législatives ont été
l’aboutissement d’un long processus où les forces politiques se sont opposées,
la rue aura été le seul recours possible et bien évidemment, comme toujours,
avec son lot de désolations ; par des morts, des blessés et d’humiliés. La violence de l’Etat s’est malheureusement
manifestée face à des citoyens, comme il en a presque toujours été dans notre
histoire politique, renforçant ainsi les colères et frustrations, mais aussi
l’indignation face à ce qui n’aurait jamais été. Et à maintes reprises, la
justice devant incarner l’égalité des citoyens devant la loi a brillé par son
absence, alors qu’on ne prétendre construire quelque chose de durable, dans un
Etat, sans la stricte application de ce principe fondamental et la défense des
libertés individuelles et collectives.
Ces élections ont reposé la capacité de l’Etat
à organiser une élection. Cela est loin d’être anodin. N’eut été la forte
implication de la communauté internationale, il est clair qu’elles n’auraient
jamais eu lieu. Et pourtant, malgré ce climat lourd, les tensions exacerbées
par la classe politique, nous avons constaté une soif des citoyens d’aller aux
urnes. La mobilisation et la discipline qui ont prévalu dans l’ensemble, témoignent
de cette volonté du citoyen de se sentir concerné par le devenir de tous. Cela permet
de faire davantage du champ politique, le lieu d’expression et du traitement
des expressions et aspirations de tous, une chose importante en référence à
notre histoire. Par ailleurs, il faut quand même noter, et c’est important, les
limites techniques dans la prise en charge des opérations électorales. Le vote,
la centralisation et la publication des résultats ont connu des couacs. Plusieurs rapports l’ont souligné. Il y a eu
défaut dans l’organisation technique, la communication et la CENI est loin de
rassurer pour les futures échéances électorales. Aujourd’hui, nous sommes à un
moment, où les forces politiques et notamment, celle se réclamant de
l’opposition doivent décider de la suite à donner à ces élections. Nous sommes encore à un tournant, comme
maintes fois dans notre histoire. Les choix sont contraints par de logiques
complexes et d’intérêts divergents, mais il va falloir quand même choisir, et
pour tous. On verra ce qui en sortira de toutes les tractations en cours.
Pour rendre un
hommage mérité à toutes ces victimes, se donner plus de moyens pour continuer à
défendre le citoyen, il ya nécessité
pour les députés de rejoindre l’hémicycle, afin de porter le débat
contradictoire, là où il le faut, dans logique démocratique. Certes la rue, par
les manifestations citoyennes est utile et parfois nécessaire, mais les débats
parlementaires sont aussi sources de progrès démocratiques. Par ailleurs,
l’effectivité d’une nouvelle assemblée ne supprime pas les manifestations
politiques sur la voie publique, d’ordre constitutionnel. L’assemblé nationale
sera sans nul doute aussi, le cadre d’échange, pour amélioration s’il y a lieu,
des dispositions légales en matière électorales, et ne pas y être serait une
erreur stratégique. Car comme le souligne Montesquieu, « Si à l’intérieur d’un Etat, vous
n’entendez le bruit d’aucun conflit, vous pouvez être sûr que la liberté n’y
est pas ». Ce pays a bien besoin de sortir de sa léthargie, de
promouvoir le débat contradictoire dans la gestion des affaires publiques pour
ancrer davantage la pratique démocratique dans la conduite de nos chois
collectifs. Et une assemblée nationale effective ne peut qu’y contribuer et
faire en sorte que ce pays retrouve une certaine crédibilité vis-à-vis de ses
citoyens et du monde. L’autre raison et non les moindres, reste la nature
politique du régime. Nous sommes dans un régime présidentiel, que certains, par
la pratique qualifieraient de fort. Les gouvernements peuvent changer, mais le
président de la République, clé de voûte des institutions, sauf cas
exceptionnels, demeure durant le mandat. Il est extrêmement important de
comprendre le fonctionnement du pouvoir exécutif et ses relations avec les
autres institutions. Par ailleurs, je ne comprends toujours pas, pourquoi, des
journalistes et autres commentateurs qualifient la guinée d’aujourd’hui de
troisième république. Toute contribution à cet effet serait la bienvenue pour
nous aider à mieux comprendre les choses avant d’y porter des jugements.
Pour toutes ces
raisons, ma conviction reste que tous devraient rejoindre l’hémicycle, pour
faire vivre le débat, améliorer au quotidien le fonctionnement de nos institutions
républicaines et par ricochet la pratique du pouvoir. Quant à la décision de la
cour suprême, il ya quand même, plus d’un élément qui pourrait nous étonner,
mais dans le respect de ses arrêts, je laisse le soin aux juristes de commenter
son contenu pour reposer les bases juridique du recours électoral en guinée. Citant
jours Montesquieu, « … c’est une expérience éternelle que tout
Homme qui a le pouvoir est porté à en abuser…. Pour qu’on ne puisse abuser du
pouvoir, il faut par la disposition des choses, le pouvoir arrête le
pouvoir ». C’est dire simplement, que par les dispositions légales
et les pratiques du pouvoir dans un jeu institutionnel sont les règles sont
connues, la capacité d’action des uns doit être limité par celle des autres,
appelant à chaque fois, à la nécessité de rechercher des équilibres. Au regard
des résultats électoraux de ces législatives, de la polarisation de la vie
politique guinéenne, de notre Histoire, il est plus que temps, et au nom de
l’intérêt général de travailler dans ce sens. Vers ce chemin là, long et
périlleux, que chacun fasse preuve d’humilité, de responsabilité et que
l’intelligence collective puisse être à la hauteur des enjeux.
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