Attirer des IDE, au-delà de l’approche classique
Dans une économie
mondialisée où la concurrence entre les Etats est devenue la règle, attirer des
IDE pour valoriser son potentiel économique est devenu un enjeu majeur pour
tout Etat. Ces investissements permettent avant tout de créer et/ou de maintenir voire développer
des activités économiques pour créer de la valeur ajoutée et assurer une
redistribution de revenus via notamment la création d’emplois. Cette nécessité
fait qu’aujourd’hui, pays développés et en développement rivalisent d’ardeur et
d’ingéniosité pour séduire, attirer voire maintenir des IDE, facteur essentiel
dans la mise en œuvre de leurs stratégie de croissance et de développement.
Dans ce jeu, des pays comme la Guinée, pourvue en richesses naturelles,
minières, halieutiques avec des besoins réels de valorisation attisent des
convoitises mais l’Etat aussi déploie une stratégie de promotion pour attirer
le maximum d’investisseurs dans des pans entiers de secteurs de l’économie
nationale. Les mines, l’énergie, les infrastructures, l’agriculture, la pêche,
l’artisanat, le tourisme ou encore l’hôtellerie sont autant de secteurs
concernés par cette stratégie de déploiement à l’international. La Guinée a
besoin d’argent, de technologies et d’expertise pour valoriser ce riche
potentiel au service de ses populations et de ses territoires que seuls des
partenariats publics, publics et privés peuvent assurer dans le temps.
Des va et viens
incessants entre Conakry la Capitale et des villes du monde en Europe,
Amérique, Asie et Afrique en sont la parfaite illustration de cette volonté de
mobiliser des capitaux et de l’expertise à l’international dans un objectifs
précis, valoriser le potentiel économique du pays. La Guinée est ainsi depuis
quelques années au rendez-vous de plusieurs rencontres économiques pour
promouvoir la destination et ses atouts dans une économie mondialisée et très
concurrentielle. La Guinée ne manque pas
d’atouts aujourd’hui dans ce domaine très concurrentiel avec cette volonté
affirmée de l’Etat de trouver des voies et moyens de séduire de possibles
investisseurs internationaux. La création d’un ministère en charge des
partenariats public – privé et une Agence de promotion, la mise en route du
Programme National de Développement Economique et Social à l’horizon 2040,
la réalisation de multiples planifications sectorielles, la mise en route
d’importantes réformes en matière de gouvernance économique et financière, l’adoption
d’un nouveau code des investissements et d’un nouveau code minier ou encore
l’adoption et l’opérationnalisation de la Lettre de Politique Nationale de
Décentralisation et de Développement Local … sont autant d’éléments qui
positionnent favorablement le pays dans sa quête des IDE.
Ces éléments sont
aussi des ingrédients importants dans une stratégie de développement économique
et sociale car posant clairement les bases de l’évolution souhaitée du pays
pour les prochaines décennies. Toute cette information est utile à tout
investisseur pour avoir des références sur la stratégie poursuivie, les moyens
mis en œuvre et les acteurs impliqués. A bien regarder les tendances de
l’économie globale avec les mouvements de délocalisation mais aussi de
relocalisation des entreprises, les coûts des facteurs (travail et capital) ne
sont plus les seuls déterminants pour l’orientation des IDE. Des facteurs
beaucoup plus structurants conditionnent aujourd’hui cette mobilité des IDE.
Voilà pourquoi avoir une approche globale est nécessaire sur ce marché des IDE.
C’est finalement, cette combinaison de plusieurs facteurs qui permettra d’attirer
dans le temps des IDE au nombre desquels figurent une gestion macroéconomique
saine, un investissement conséquent dans les infrastructures du pays, la
mobilisation de l’Etat en termes d’accès aux services publics (eau,
électricité, logement, éducation, santé, transport) sans oublier le rayonnement
du pays à l’étranger. Pour ce qui est des infrastructures par exemple, le
récent accord avec la Chine via la mobilisation de son secteur financier est à
saluer tant les infrastructures avec leur capacité réelle de réduction des
coûts d’investissements jouent un rôle majeur dans l’attrait des IDE.
Cet accord
(portant sur 20 milliards de dollars US sur 20 ans) a l’avantage de faire des
infrastructures du pays, un axe majeur d’investissement de l’Etat pour les
prochaines décennies avec un dispositif financier clairement établi. Cela est
extrêmement important car donnant de la visibilité dans un domaine si
particulier pour le développement économique de la Guinée. Les entreprises
viendront encore et s’installeront parce que les réseaux (eau, électricité,
téléphone, transport, routes…) fonctionnent dans le pays pour des services
publics accessibles et performants capables de fournir entre autre une main
d’œuvre éduquée et en bonne santé sans oublier la capacité desdits services à
apaiser le climat social. L’accès aux services publics de qualité permet
d’améliorer constamment la productivité du travailleur guinéen renforçant ainsi
sa capacité à s’insérer dans la dynamique économique à travers
l’entreprenariat, l’emploi ou encore la compréhension et l’adhésion aux
initiatives de l’Etat et de ses partenaires. Ces deux éléments (infrastructures et services
publics) conduisent à l’attractivité des territoires à l’échelle nationale,
mobilisent les citoyens et ouvrent d’énormes perspectives à l’économie
nationale. Il est évident que le seul code des investissements aussi attractif
soit-il ne peut garantir des IDE à un pays et un l’Etat guinéen ne peut indéfiniment
baisser des impôts et/ou accorder des avantages fiscaux aux investisseurs eu
égard à ses propres charges croissantes dans un pays où les populations sont de
plus en plus exigeantes en termes de services.
C’est la raison
pour laquelle, il est important d’amplifier la dynamique actuelle tout en la
diversifiant en jouant cette combinaison de facteurs pour optimiser les gains sur le marché des
IDE. Aller dans ce sens permet de diversifier les secteurs, de calibrer les
projets, d’élargir les canaux de
transmission des IDE et de mobiliser l’Etat et les populations dans cet
objectif. Un travail important est en cours dans ce sens, en témoigne la liste
de la cinquantaine de projets présentés récemment à Paris, les 16 et 17
novembre 2017 par le Groupe Consultatif Guinée avec pour résultats, plus de 20
milliards de dollars US d’engagements financiers. Plus globalement, dans le
domaine des IDE, il ne devrait exister que des retours d’expériences, pas de
schémas préétablis permettant aux Etats, et à la Guinée singulièrement de se
forger une stratégie en fonction de ses réalités, ressources et besoins. Comme
on le dit souvent, dans un marché concurrentiel, il est toujours important
d’avoir une longueur d’avance donc de disposer de « billes » de
réserve d’où la nécessité de diversifier son approche de conquête des IDE qui
ne cherchent finalement qu’un environnement sécurisé et porteur d’espoir de
retours sur investissement.
Attirer des IDE
reste un enjeu majeur pour l’économie guinéenne tant le potentiel est énorme.
Il s’agit là d’une véritable problématique de développement national tant les
ressources financières et l’expertise sont indispensables dans la valorisation
d’une ressource économique. Diversifier la stratégie passe aussi par la
mobilisation de l’ensemble des acteurs publics et privés nationaux en faisant du
dialogue Etat-Secteur-Privé-Collectivités Locales un vrai crédo et une exigence
en termes de gouvernance publique. Il serait par exemple intéressant qu’à
chaque rendez-vous économique où la guinée est présente pour promouvoir sa
stratégie de développement que les collectivités locales soient mobilisées (et représentées) car les
investissements (IDE et autres) qui en sortiront se feront sur des espaces
locaux que ces dernières administrent et on en charge de promouvoir aussi. Cela
est important dans une logique de mobilisation de toutes les forces du pays
pour que les enjeux, la démarche et les résultats soient le mieux appropriés.
C’est aussi à ces conditions que la démarche globale envisagée par l’Etat sera
davantage légitime et crédible et pourrait se révéler fructueuse sur le marché
des IDE. Agir ainsi permet à chaque
acteur de prendre pleinement conscience des enjeux de l’attrait des IDE pour la
valorisation du potentiel économique guinéen et les perspectives de
développement du pays. Car, le développement est une affaire de collectif et de
synergie d’action autour de la révélation et de la valorisation de ressources
partagées et les IDE ne constituent finalement qu’un facteur pouvant contribuer
à cet objectif, même s’ils sont devenus aujourd’hui décisifs pour un pays comme
la Guinée.
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