France- Afrique: Dakar et puis…

Qu’elle était attendue la première sortie du nouveau président Français en l’occurrence Nicolas Sarkozy en Afrique et ce, dans un contexte après campagne où des questions relatives au codéveloppement et à l’immigration furent largement abordées. Elle était d’autant attendue car nombre de spécialistes et d’observateurs voulaient écouter le président sur sa vision de l’Afrique après avoir tant martelé le concept de rupture…et de l’avis de beaucoup s’il en faut, c’est bien évidemment dans la relation France-Afrique. Les lieux, Dakar, Libreville, symbole cette relation, donc pas de cassure à ce niveau, mais bon, rien de plus normal que d’aller voir ses alliés traditionnels pour leur renouveler une certaine marque de sympathie. A Dakar, fut prononcée une allocution en vers la jeunesse Africaine…Une cohérence dans le discours impeccable mais après tout, c’est Sarkozy, rien d’étonnant à ce niveau. Le contenu comme on pouvait s’y attendre fut l’objet de diverses interprétations, d’aucuns se sont sentis insultés tandis que d’autres y voyaient plutôt un signe de changement. Personnellement je l’ai lu et analysé à maintes reprises. Un certain langage de vérité sur le devoir de mémoire, excepté la justification a posteriori du fait colonial et le débat sur le fameux article 4, de la loi y relative en France corrobore cette vision. Car, ce que le fait colonial a fait de plus mal, ce n’est pas tant le pillage économique dont ces populations ont été victimes, mais, c’est surtout d’avoir cassé une certaine dynamique sociale et institutionnelle qui ont forgé leur identité. A juste titre, cela fut rappelé. Le fait d’appeler les peuples d’Afrique à la nécessité de conjuguer les efforts pour aller de l’avant est positif, car même si le reniement ou la récriture de l’histoire serait une grande erreur, le dépassement de soi s’avère indispensable. Il y’ a insistance notoire sur le prise en charge de l’Afrique par elle-même et surtout de la responsabilité partagée de la situation actuelle du continent. Cela est loin d’être un scoop tant cette idée a fait son chemin. Malgré le plus souvent des marges de manœuvres étroites, les politiques Africains ne peuvent s’affranchir en terme de responsabilité de la situation pénible que vivent certains pays du continent, donc pas de langue de bois à ce niveau.

Tout au long du discours, la relation France-Afrique est abordée, dire que la France accompagnerait l’Afrique dans la démocratisation, si seulement cette idée se matérialisait au quotidien, ce serait l’une des plus grandes ruptures. Mais nous ne sommes pas la encore et l’on retiendrait plus pour le moment les couaques de la diplomatie Française dans ce domaine (Abidjan, Lomé, N’Djaména…). Beaucoup de questions restent en suspens comme l’EurAfrique, d’autres relevant de la pure démagogie comme celle relative à la mise en place d’une stratégie commune face à la mondialisation. Comment peut on avoir les mêmes réactions à un phénomène dont on n’a pas les mêmes intérêts ? Il n’y a que le naïf qui puisse croire à la faisabilité d’une telle idée. Faible place pour le co-développement, d’ailleurs notion très floue encore et qui est, de nos jours supplantée par la question de l’immigration, sans oublier qu’à vouloir être trop direct, Sarkozy a heurté certaines consciences qui se sont senties méprisées, y compris moi dans une certaine mesure, descendants d’une civilisation où l’oralité a toute son importance. « …Je ne suis pas venu vous faire la morale. Mais je suis venu vous dire que la part d'Europe qui est en vous est le fruit d'un grand péché d'orgueil de l'Occident mais que cette part d'Europe en vous n'est pas indigne. Car elle est l'appel de la liberté, de l'émancipation et de la justice et de l'égalité entre les femmes et les hommes. Car elle est l'appel à la raison et à la conscience universelles ».

Toujours est il que l’analyse d’un discours demeure complexe puis que le contexte étant important. Mais, après ceux de De Gaulle, Mitterrand, Chirac, Sarkozy a essayé de se démarquer mais force est de reconnaître que Dakar n’est pas une avancée significative. L’Afrique aujourd’hui a davantage besoin de résultats palpables dans ses relations avec les autres, d’une justice économique car le constat et les solutions appropriées sont connues et ce, loin de vouloir mener un procès d’intention à la politique Africaine de Sarkozy. Les cinq prochaines années seront cruciales pour l’Afrique et la France et des questions comme l’Aide au développement, les relations entre l’Elysée et les pouvoirs Africains, l’immigration, sans oublier les dossiers sensibles sur le commerce international sont entre autres les chantiers qui permettront de juger de l’efficacité ou non de la France-Afrique sous l’ère Sarkozy et dire au moment venu si nous sommes inscrits dans une nouvelle phase emprunte de rupture au bénéfice de tous.

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