L’Afrique et l’Union Africaine

Et finalement après tant d’incertitudes et de tractations, l’Union Africaine est arrivée à élire un président et surtout un successeur à Alpha Oumar Konaré à la présidence de la Commission Africaine en la personne de Jean Ping. Quel bilan du Malien à la tête de cette commission, incontestablement une visibilité beaucoup plus grande avec une représentativité intense de l’Union Africaine aux grands forum internationaux dont ceux du G8, les forum sino-Africains sans oublier sa sortie à la rencontre de Lisbonne. Son clash se situe au niveau de l’opérationnalité de l’institution panafricaine dotée de très faibles moyens financiers et d’une structure décisionnelle qui dénude en réalité le président de la commission de réels pouvoirs notamment en matière financière et du choix des différents commissaires. On pourrait simplement dire en ce début de 2008 de cette institution déjà dans la philosophie vieille de 45ans « Que de chemin parcouru pour de ci maigres résultats » et cela, rien qu’en voyant la situation politique sur le continent avec le chaos au Tchad et au Kenya (longtemps considéré comme modèle), même s’il est vrai qu’il y a une légère amélioration par rapport notamment à la décennie 1990. Jean Ping à la tête de la commission Africaine, l’on serait tenté de dire c’est de l’expérience au service de l’institution continentale sans oublier tout de même que les résultats des Organisations Internationales ne sont que les fruits de l’expression des volontés de leurs membres.

L’Union Africaine in fine n’est que le reflet de la vision de l’ensemble de ces Etats membres sur l’intégration politique du continent. Nul doute aujourd’hui qu’il leur est très difficile de céder une partie de leur souveraineté tant les enjeux et les aspirations sont différents et complexes en relation avec le monde extérieur. Ceci, même si cette éventualité est expressément mentionnée dans maintes constitutions, entre le souhaitable et le possible notamment en politique le fossé peut être très large. On ne le répétera jamais assez qu’il est important de renforcer l’Union Africaine en lui dotant de réelles marges de manœuvres budgétaires et d’action pour faire face primo aux enjeux de paix et de sécurité sur le continent. Cependant, plusieurs Etats ne voient pas les choses ainsi. Deux visions de l’intégration en Afrique s’affrontent à savoir, celle des unionistes à la tête desquels se retrouve le dirigeant Libyen et les gradualistes militant plutôt pour un renforcement des structures régionales prônée notamment Tabo Mbéki afin de fin créer de véritables espaces d’intégration économique et politique pour un départ. Ces structures régionales devant constituer en quelque sorte le lieu de l’expérimentation de réels transferts de pouvoirs des Etats vers l’institution partagée.

Des deux visions à mon humble avis, l’approche gradualiste reste plus réaliste et plus conforme à des expériences très intéressantes en terme d’analyse pratiquées ailleurs. L’intégration politique a plus de chance d’aboutir dans un espace économiquement intégré (impossible sans une mise en commun de certaines politiques) créant ainsi des références communes pour les peuples concernés et une interdépendance en terme de création et de distribution des richesses, facteur de réduction de la pauvreté et des inégalités spatiales. Cette dimension est importante à prendre en compte car si un processus d’intégration peut présenter des avantages, il peut aussi engendrer des coûts qu’il va falloir supporter et surtout répartir entre les partenaires. L’Union Africaine souffre de ce manque de visibilité à ce niveau et il est temps de clarifier cette position pour faire de la commission Africaine qui est déjà un embryon d’exécutif continental, un véritable élément d’intégration. A tous ceux qui aujourd’hui trouvent déjà en l’Union Africaine un modèle dépassé (qui en réalité sur ce schéma actuel n’a que 8 ans), je leur dirai simplement, que les Etats Africains lui donnent des marges de manœuvre nécessaires, qu’ils sortent un tout petit peu des logiques de défense d’intérêts propres (même si les Organisations Internationales échappent difficilement à cet aspect) et que l’on permette à cette organisation de mûrir à l’image de toutes ses sœurs à l’échelle internationale comme dans tout processus d’apprentissage collectif. C’est un secret de polichinelle de dire que l’efficacité ou l’échec des organisations internationales est toujours à mettre en relation avec les logiques d’action de leurs membres déterminant les rapports de force internes et structurant finalement leur intervention.

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