La Guinée : Notre Histoire…Notre devenir

Depuis quelques mois, l’actualité Guinéenne est chargée, voire même très chargée. Pas simplement par les comptes rendus sur divers média (Internet en particulier) des conditions de vie des populations mais aussi il faut désormais compter sur un ensemble d’écrits surfant sur le démon de la division par une lecture le plus souvent sans pédagogie sur notre histoire. Aujourd’hui, il est clair qu’Internet a révolutionné le rapport de l’Homme à l’information et les Guinéens dans leur ensemble heureusement ne sont pas en reste et ce, malgré toutes les difficultés de l’accès à cette technologie. Le revers de la médaille reste tout de même le contenu d’un certain nombre d’écrits où trop souvent la liberté d’écrire rime avec manque de rigueur, d’objectivité, de déontologie et nécessité d’approfondir les sujets à traiter. Pour s’en convaincre, il n’y a qu’à faire un tour sur certains sites fournis par des Guinéens où chamailleries, insultes sont le lot quotidien. Un des points qui fait le plus souvent reste la lecture de notre histoire, une histoire qui, certes a été glorieuse mais a eu aussi ses moments sombres. Il est clair que la liberté de penser et d’écrire demeure l’un des éléments fondamentaux de tout système qui se veut démocratique et source d’épanouissement individuel et collectif, mais de là à conférer à chacun de dire et d’écrire selon ses convenances serait catastrophique. Pas question de rappeler le besoin d’être informé et aussi de comprendre notre histoire et plus particulièrement celle que l’on qualifierait de la première république mais faisons surtout en usant d’une certaine pédagogie d’où le rôle primordial de l’historien.

Ce travail ne saurait être effectif sans une volonté réelle du politique car, des questions les questions de confiscation et de privation de liberté humaine ne peuvent être abordées avec légèreté, tendance actuelle. Ceci est d’une importance capitale car ce que nous sommes n’est que le résultat de ce nous avons été et ce nous serons en dépend aussi. Peut être le boulevard laissé par la timidité du politique en tant qu’autorité légitime et/légale face à cette question fait que d’autres acteurs moins habilités s’accaparent de tels sujets. L’objectif ne saurait être la réécriture de l’histoire mais de créer un cadre où se discutent de telles questions pour un apaisement des cœurs. S’il y a quelque chose dont nous devrions être convaincus, c’est que le devenir de ce pays nous incombe à tous, trajectoire à laquelle chacun de nous devrait s’identifier et contribuer à forger. Dans un monde qui se globalise, il est plus que nécessaire de regarder en face notre histoire. Il est temps d’ouvrir ce débat, même si au regard des expériences d’ailleurs, il n’est facile à conduire. Il n’est jamais presque temps d’aller dans ce sens tant la souffrance humaine met du temps, encore du temps à cicatriser. Ne parle t’on pas encore de l’esclavage, de l’extermination des peuples indiens, du génocide Arménien, de la déportation du peuple juif, des guerres d’indépendance… Tous ces exemples ont au moins une chose en commun, celle d’avoir engendré de la souffrance humaine faisant non seulement des morts, des blessés mai aussi des humiliés. Et pourtant, par l’usage de la pédagogie, les sociétés concernées arrivent avec toutes les difficultés inhérentes à de telles actions à instaurer un dialogue et un climat de confiance.

Il est du devoir de la mémoire collective de s’occuper de ces types de problématiques avec bien évidemment pédagogie non pas forcément pour faire le procès d’une personne physique, morale, encore moins d’une classe sociale car nous le savons tous même si cela reste difficile à comprendre et à admettre, devant la raison d’Etat la faiblesse de l’Homme qui pourtant l’a construit et l’entretient au quotidien grandit. Que l’on se comprenne bien, cela ne veut en aucun cas dire qu’un crime, un délit, une violation d’un droit humain reste excusable au nom d’une telle posture et heureusement d’ailleurs…Rendons ici hommage à tous ceux qui de part leur combat, le plus souvent au risque de leur vie ont lutté et luttent encore inlassablement contre toute forme de tyrannie privant l’Homme de son droit le plus essentiel à savoir la liberté y compris celle de vivre. Dans le cas spécifique de la Guinée, j’en suis convaincu tout de même que le simple fait que le politique s’intéresse à cette thématique en faisant preuve d’initiatives débloquerait nombre de choses dans la conscience collective. Force est de reconnaître que des progrès se font, ils peuvent paraître lents pour plusieurs, mais sur de tels sujets, il ne saurait y avoir de « petits » progrès. De tells initiatives sont bien évidemment à encourager et si le cinquantenaire de notre indépendance devrait servir à aborder cette question lourde et si importante pour notre devenir, croyez moi nous aurions gagné en maturité. Ce seul exemple montrera à la face du monde notre capacité à transcender les choses qui nous divisent et pourtant qui nous rassemblent tant parce que cimentant un socle commun à notre devenir.

Il est temps que nous nous pardonnions et une des conditions de cela reste l’établissement d’un dialogue. Il est du devoir du politique de créer cette dynamique en rassemblant l’ensemble des forces vives autour d’une telle démarche pour que faute d’oublier, que le pardon prenne toute sa place dans notre mémoire collective. On le dit souvent, il ne peut y avoir de paix sans justice et de justice sans pardon alors, c’est de notre devoir d’œuvrer dans ce sens et avoir toujours à l’esprit que nos différences restent et demeurent notre principale richesse et un atout indéniable pour notre destin collectif. Ces différences de savoirs, de savoirs faire, de savoirs être nous sont et seront tant utiles dans une optique de quête de bonheur pour tous dans un monde ouvert. Voilà des éléments qui devraient nous aider à lutter efficacement contre la pauvreté. Le pardon tant recherché aujourd’hui entre Guinéens ne trouverait un véritable terreau que si nous parvenions ensemble à permettre à chacun de nous de vivre dignement par la satisfaction de ses besoins quotidiens (se nourrir, se loger, s’éduquer, se soigner, participer au destin collectif) et ainsi lui permettre de se projeter dans un avenir et d’y consacrer le meilleur de lui même. Revenant sur le cas spécifique d’Internet, ce formidable outil de communication à l’échelle globale pose problème au niveau de sa gouvernance et les tentatives ne manquent pas de nos jours dans la codification dans le domaine. Il ne s’agit pas de faire usage de la censure loin de là mais de promouvoir la responsabilité individuelle et collective pour que l’information de la toila soit un outil au service du citoyen mais aussi un moyen de sa sensibilisation et de son éducation autour des défis qu se posent à nos sociétés.

L’objectif de réduire la pauvreté ne sera atteint qu’en conjuguant avec les atouts et les contraintes du système économique actuel qui, je consens n’est pas satisfaisant sur nombre de points mais demeurant tout de même. La complexité du monde d’aujourd’hui, l’interdépendance entre les économies avec ses atouts mais aussi ses énormes pervers…voilà autant de raisons de travailler ensemble en exploitant nos différences. IL faut faire preuve d’imagination pour utiliser au mieux les talents à notre disposition et ce trouvant les moyens de les dénicher, les regrouper et ensuite en leur proposant un carde attractif. On ne le dira jamais assez qu’il nous faut de politiques économiques responsables, mûrement réfléchies, fondées sur des stratégies cohérentes faisant de l’économique, un instrument au service du progrès social pour tous et chacun et du respect de la nature qui nous donne tant. Un changement de comportement est nécessaire en chacun de nous. Les tâches seront ardues et les marges de manœuvres faibles à des moments donnés. Malgré cela, le quotidien du Guinéen aujourd’hui fait que nos choix sont limités à moins de rester au statu quo et s’attendre à de profonds déséquilibres dans notre société. Nous sommes à un tournant où nombre d’enjeux se mêlent d’où la nécessité d’une clairvoyance rimant avec l’action, chose devant permettre à chacun de nous de se dire que demain sera meilleur et mesurer ainsi au quotidien les progrès qui se font à la fois pour lui et les autres. C’est tout l’intérêt de chercher à associer l’ensemble des acteurs toutes catégories confondues à la définition et à la mise en œuvre de nos choix collectifs ne serait ce qu’en vertu de la continuité de l’histoire afin de léguer à nos descendants une Guinée avec des possibilités de mieux vivre. Et vers ce chemin, le politique aura un rôle fondamental à jouer, comme pour dire, partout où le politique se porte bien, les choses pourraient aller pour le mieux.

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