Migrations et développement : quels liens encore ?


La question de la migration des populations à l’échelle internationale se pose aujourd’hui avec acuité, il n’y a qu’à voir le durcissement des lois sur l’immigration dans l’espace Européen, la construction de murs à des frontières. Avec la globalisation poussée de l’économie, la circulation des forces productives en premier le travail est une nécessite même si dans la pratique, pour des questions de considération politico-économiques, seule la main d’œuvre à « forte valeur ajoutée » est appelée à bouger. Nombreux sont les travaux d’institutions et/ou d’organisations internationales qui publient périodiquement pour faire un état de lieux sur l’apport des migrants au développement de leurs pays d’origine. L’aspect financier étant généralement privilégié, on se focalise davantage sur les transferts de fonds Nord-Sud qui à mon avis reste utile mais biaise quelque part l’analyse d’une situation beaucoup plus complexe rien qu’en prenant la rapatriement des profits des multinationales installées au Sud et ce, dans le cadre de la circulation des capitaux à l’échelle internationale. Restons sur la relation Nord-Sud et voyons en clair quels impacts cela a sur les pays en développement même si l’Afrique restera la région privilégiée de l’analyse. Ce contient qui, dans son ensemble reste dans une situation d’extrême pauvreté a reçu en 2006 près de 39 milliards de $ US sur un total estimé pour l’ensemble des quelques 150 millions de migrants au monde à 300 milliards de $ US. Ces envois de fonds constituent pour nombre de pays de sources importantes de devises pouvant aller jusqu’à plus de 10% de leur PIB comme c’est le cas au Mali avec environ 12,5%.

La question fondamentale qui se pose juste après, c’est quoi à sert cet argent. Les faits montrent qu’il est davantage utilisé pour venir en aide à des familles en difficulté, à la construction d’infrastructures sociales « communautaires » (écoles, dispensaires…) dans un objectif d’améliorer les niveaux de vie de populations sur une zone géographique donnée. Constat, l’impact sur le développement reste faible voire marginal dans plusieurs cas. Ces infrastructures sociales sont certes nécessaires mais insuffisantes, la réduction de la pauvreté passe nécessairement par une dynamique économique permettant de créer et de redistribuer des richesses. Et c’est là tout l’intérêt dans ces pays d’avoir des dispositifs institutionnels pour canaliser cette épargne durement accumulées au regard des conditions de travail dans certains pays d’émigration (Europe, Amérique du Nord, Asie et Moyen Orient). Le rôle de la puissance publique est énorme à ce niveau en témoignent des exemples de réussite dans d’autres régions et voire même au Maghreb. Migration et développement restent encore liés, il faut juste arriver à faire de cette population de véritables entrepreneurs dans leurs pays d’origine car leurs savoirs, savoirs faire et capitaux constituent un atout indéniable. On commence vraiment à s’intéresser à ces questions, des forum de migrants s’organisent, des dispositifs se mettent en place et heureusement que ça arrive maintenant tant il était temps au vue des potentialités.

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