Le Suivi-Evaluation des projets/programmes de développement : une exigence démocratique



A la fin novembre se tiendra au Sénégal le Forum International Francophone sur l’évaluation des politiques publiques. Depuis quelques décennies, cet exercice s’est imposé dans la conduite des actions de développement en s’érigeant comme une composante essentielle dont l’objectif est de rendre compte mais aussi et surtout la qualification des processus. Aujourd’hui, aucun projet/programme de développement ne peut conduire aux résultats escomptés sans une intégration d’un dispositif de suivi-évaluation. Cette démarche vise avant tout à mettre en place au cours de l’action, un dispositif de collecte et de traitement de l’information par les acteurs concernés permettant à chaque instant de s’interroger sur les pratiques, la qualité des moyens mobilisés, l’efficacité des processus organisationnels, le respect des engagements et bien évidemment les retours du terrain. Techniquement, il est un outil au service de l’action, permettant de mesurer les écarts, d’y apporter des correctifs si nécessaire et un moment donner de porter un jugement dans un objectif d’amélioration continue des interventions. Là réside, la finalité du dispositif mis en place. 

Ainsi dit, le suivi-évaluation est un outil de performance à la disposition des acteurs et au service de la qualification des processus d’intervention. Il est pour chaque acteur, un moyen de renforcer ses capacités pour mieux servir l’intérêt commun en se mobilisant dans la fourniture de l’information et étant un maillon important dans le traitement et le partage de celle-ci. Cette prédisposition est essentielle, résultat parfois d’un long travail de sensibilisation sur les enjeux de la démarche, les outils mis à profit, les rôles et responsabilités des uns et des autres et des objectifs poursuivis. Il s’agit avant tout à ce niveau pour le porteur de la démarche de faire en sorte que chaque acteur, de manière volontaire et coordonnée renseigne sur sa part de responsabilité dans la conduite de l’action globale permettant ainsi de juger de l’atteinte de ses résultats. Ce processus itératif peut s’avérer coûteux voire contraignant renvoyant à la disponibilité des acteurs, la mobilisation de ressources, mais essentiel pour la qualification des politiques publiques. 

Or, ce dernier élément demeure l’une des clés de leur efficacité pour améliorer les conditions de vie des populations, finalité de l’action publique. Un tel processus est aussi un moyen pour le bénéficiaire de juger de la qualité des résultats obtenus, aux bailleurs de fonds de celle des ressources mises à dispositions, à l’unité de gestion du projet/programme de celle des processus organisationnels… et aux Institutions Politiques nationales de mesurer la contribution des actions posées à l’atteinte des objectifs globaux. Cette dimension multiple et transversale d’un dispositif de suivi-évaluation conduit finalement à rassurer les acteurs, faire en sorte qu’ils se sentent concernés par la dynamique enclenchée. Cela permet aussi de créer un sentiment d’appartenance à un tout et ainsi créer les conditions d’une mobilisation individuelle, indispensable à l’atteinte des résultats fixés.  Processus ouvert, négocié, transparent, participatif dont les règles et les résultats attendus connus de tous. C’est en cela finalement que la démarche est démocratique. 

Bien évidemment, dans la complexité des projets/programmes de développement où de multiples variables interagissent dans leur conduite, il est illusoire de penser qu’il serait facile d’atteindre ses exigences. Comme rappelé, la démarche peut s’avérer coûteuse, remettant au goût du jour des intérêts antagonistes, sources potentielles de blocages. Raison pour laquelle, elle doit être pensée et mise en œuvre avec rigueur pour faire en sorte que chaque acteur soit impliqué en toute sécurité pour pleinement jouer sa partition. Ainsi, la démarche pourrait être source de valeur ajoutée à la conduite des projets/programmes de développement, un outil de renforcement des capacités des acteurs et de la qualification des processus opérationnels. Dans un contexte de raréfaction des ressources, de complexité dans la conduite des actions de développement et l’exigence élevée de résultats, un tel dispositif rassure et mobilise les acteurs, crédibilise les interventions, gage de leur efficacité et pérennisation au bénéfice des populations.

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