Merci monsieur le ministre

Une fois n’est pas coutume, permettez moi en ces circonstances douloureuses d’écrire sur un homme mais à travers ses actes et non stricto sensu sur des politiques notamment publiques. La Guinée vient de perdre un des ses ministres qui en peu de temps de carrière professionnelle par des actes positifs et non des frasques notamment dans le champ politique s’est fait connaître, admiré et en lui cristallisé tout un espoir d’une partie de la jeunesse guinéenne. Naby Diakité en tant que ministre de la décentralisation a réussi en si peu faire voler en éclat l’idée tant répandue dans notre pays à savoir que jeune, on ne peut grandes choses notamment diriger et impulser une dynamique dans le champ politique tant les embûches font légion. Bref, c’est une affaire d’expérience et d’initiés. Je me souviens encore il y a quelques mois quand j’ai pris contact avec lui pour des raisons professionnelles en tant que ministre de la décentralisation et ce, par le biais d’Internet. Son mail je l’ai eu dans un de ses rapports de mission sur la toile. Ce que je lui ai demandé il me l’a fourni pour compléter un travail universitaire. J’avoue qu’à l’époque j’ai été surpris de sa réactivité et de sa courtoisie dans les échanges que nous avons eus. Choses plutôt rares dans le milieu politique en général. Je me suis dis simplement que « cet homme là a compris que faire de la politique c’est avant tout se mettre au service des autres pour leur être utile. ». A travers ses actes, j’ai senti une volonté profonde de faire bouger les lignes sur la décentralisation. Je l’écoutais souvent et parcourais ses interviews et on se rendait compte de part son expérience et démarche qu’il pouvait apporter beaucoup à la Guinée dans le champ qui lui était confié.

Il ne s’agit nullement là de faire le bilan de son action, mais une fois de plus de ma modeste analyse, il était l’un des rares en charge de la décentralisation ces dernières années à faire des réformes structurelles son cheval de bataille. Il parlait aisément de la nécessité de renforcer les capacités d’action des collectivités locales à travers la formation des élus par exemple, de la question de des finances locales, de l’exigence pour les autorités locales de rendre compte sans oublier la possible élection d’un maire à Conakry. Sur d’autres cieux cela peut paraître dérisoire mais en l’état de la décentralisation chez nous, c’est une avancée notable car en politique souvent le discours structure l’action. Je partage encore ces objectifs et la démarche qu’il a entreprise et je le voyais capable de faire comprendre cette logique politique et d’initier de grandes réformes pour faire d’elle un creuset de développement local avec l’émergence de dynamiques aux échelles infranationales permettant de révéler et de valoriser des ressources territoriales au service des populations à la base. J’ai toujours nourri l’espoir de le rencontrer pour échanger là dessus mais hélas ce ne sera possible. Ainsi va la vie et son court passage dans ce monde ici bas pourrait simplement se résumer dans l’idée que même en étant jeune, on peut accomplir de grandes choses.

Vous comprendrez chers lecteurs que je le l’ai jamais rencontré mais je suivais avec attention tout ce qu’il disait et posait dans le cadre de sa fonction ministérielle pour faire comprendre aux différents acteurs concernés dans notre pays cette logique politique et ses impacts possibles en terme de développement. Naby Diakité permets moi de te tutoyer. Reposes en paix et des Hommes ayant les mêmes convictions que toi continueront à se battre en tout cas je l’espère vraiment pour continuer ton œuvre et ce, par devoir et nécessité. On ne pourrait s’arrêter en si bon chemin. Personnellement, j’animerai désormais une rubrique sur les décentralisations au Sud sur mon portail web pour informer et aider à la prise de décision des acteurs travaillant sur ce champ en Guinée et ainsi très modestement on perpétuera ton action si courte mais qui je pense a posé des jalons tant dans le contenu que dans la démarche politique. Que ta femme, une ami de classe, chose que j’ai apprise il y a peu de temps (bon courage Khadidja) ; ta famille, tes amis et la Guinée toute entière trouvent ici l’expression de mes sincères condoléances.

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