L’accès à l’eau : une question de survie en Guinée

L’accès à l’eau, un des Objectifs de Développement du millénaire (objectif 7 : assurer un environnement durable avec pour cible entre autres, réduire de moitié d’ici 2015, le pourcentage de la population qui n’a pas accès de façon durable à un approvisionnement en eau potable et à des services d’assainissement de base) est aujourd’hui l’une des problématiques les plus abordées à l’échelle planétaire tant les enjeux sont importants. Historiquement, l’intérêt de l’Homme pour l’eau ne date pas d’aujourd’hui et bien des civilisations parmi les plus brillantes se sont construites autour de l’eau, ce fut notamment celle Egyptienne mais la préoccupation de la gestion de l’eau à l’échelle globale date quant à elle de si peu. Il faut remonter aux années 70 dans un contexte de remise en cause des modèles de développement issus de la révolution industrielle pour comprendre cette préoccupation, même si cela n’exclut pas l’existence de tentatives de coopération entre différentes entités dans la gestion des grands fleuves dans un temps encore plus ancien. De la conférence de Mar Del Plata de 1977 aux différents forum de l’eau, en passant par les conférences de Dublin et de Rio en 1992, que de chemin parcouru pour une discussion globale sur la question de la gestion de l’eau de l’eau en particulier et de l’environnement en général. Rappelons que la décennie 1980 fut proclamée celle de l’eau et avait pour objectif de faire de l’accès à l’eau une réalité pour tous, mais hélas, les résultats ont été décevants et ils sont encore au regard des statistiques avec près de 1,5 milliards de personnes n’ayant pas accès à un service d’eau et d’assainissement de base. Aujourd’hui encore, l’accès à l’eau demeure une priorité mondiale même si les moyens à l’image de toute politique de ce genre pose débats entre différents acteurs.

C’est dans ce contexte international, déterminant important des politiques internes notamment des pays en développement (PVD) que nous allons remettre en débat la question de l’accès de l’eau et à l’assainissement en Guinée, pays fortement doté de ressources hydriques car berceau de plusieurs fleuves continentaux, raison pour laquelle elle est communément appelée « château d’eau de l’Afrique de l’Ouest ». Paradoxalement, il pleut aussi abondement que l’on subisse des inondations dans certaines régions mais les robinets demeurant secs. Un véritable constat d’échec que nous allons essayer de comprendre tout en insistant sur la complexité de la problématique et de la nécessité d’une étude plus approfondie. Méthodologiquement, notre synthèse sera structurée en trois parties, une première consacrée à un rappel historique de la conception des politiques de l’eau à l’échelle internationale depuis les années 80 essentiellement en y intégrant les différentes dimensions dans le temps du bien eau. La deuxième traitera de la politique de l’eau en Guinée sous une dimension historique permettant de mieux saisir le constat actuel et la troisième de dernière partie évoquera quelques éléments qui nous semblent être pertinents pour une nouvelle stratégie nationale de l’eau et de l’assainissement qui permettrait la satisfaction des besoins individuels et collectifs tout en assurant une préservation des ressources.

Comme rappelé antérieurement, la décennie 1970 marque un tournant important dans la conception des stratégies de développement avec l’avènement de la prise en compte du bien environnemental basée sur le fait que bon nombre de ressources dont nous utilisons restent finies et même quand certaines sont renouvelables le cycle demeure long, temps durant lequel les dégâts peuvent être énormes en cas de manque extrême. L’eau n’échappe pas à changement, la prise de conscience grandit sur l’impératif d’une gestion durable des ressources hydriques et les années 80 furent proclamées la décennie de l’eau. Elle avait pour objectif de faire de l’eau un bien accessible à tous mais malheureusement ce fut un échec. L’une des explications, c’est que la problématique n’a été abordée sur l’angle financier, l’important demeurait à l’époque au recouvrement des coûts engagés dans les services de fourniture d’eau et d’assainissement donc par conséquent satisfaire des populations solvables bref garantir l’eau à ceux qui peuvent la payer. Tout cela sans oublier dans un contexte de remise en cause de l’efficacité de la gestion publique et une entrée massive des investisseurs privés dans le secteur notamment des les PVD, engagés pour la plupart des programmes d’ajustement structurel. Heureusement la décennie 1990, est arrivée avec un léger changement dans cette conception et la conférence de Dublin en 1992 a fait admettre que même si l’eau est un bien économique (au sens où son accès engendre des coûts), elle ne saurait être traitée comme toute marchandise. Son caractère vital pour un épanouissement équilibré de l’Homme et pour la continuité des activités économiques sans oublier le maintien de l’écosystème naturel fait de l’eau un bien pas comme les autres. La conférence de Rio de 1992 consacrant l’avènement de la thématique du développement durable, fait de la protection de l’environnement un enjeu de développement international car, « La paix, le développement et la protection de l'environnement sont interdépendants et indissociables » (Principe 25 de la déclaration de Rio). Désormais l’ensemble des acteurs (Etats, entreprises, organismes bi et multilatéraux, citoyens…) tant à l’échelle nationale qu’internationale sont appelés à exercer leurs activités en recherchant un équilibre entre production de richesses, progrès social et protection de l’environnement.

La complexité de l’eau réside dans le fait qu’il est a à la fois un bien économique, social, environnemental et politique et toute politique qui se veut durable dans ce domaine devrait intégrer ces caractéristiques. La dimension économique de l’eau se justifie par le fait que l’accès à un service d’eau et d’assainissement engendre des coûts énormes en terme d’investissements en matière d’équipements et de gestion, chose importante expliquant en partie le manque d’infrastructures dans ce domaine dans nombre de pays, la Guinée ne faisant pas exception. L’eau a une dimension sociale importante, de son accès en quantité et en qualité dépendent les vies de milliards d’Hommes pour preuve selon l’Organisation Mondiale de la santé (OMS), chaque années ils sont plus de 1,5 milliards à mourir par an suite à la consommation d’eau insalubre et sans oublier, selon l’adage de Pasteur, nous buvons 90% de nos maladies. Il est clair que l’on peut se passer pour quelques temps de manger mais pas de boire. A cet aspect sanitaire, l’on peut rajouter le caractère symbolique de l’eau, trait d’union par divers rites entre l’Homme et la nature dans maintes de nos sociétés traditionnelles et religieuses et offrir de l’eau à un passant est encore signe d’hospitalité et de respect et nombre de civilisations se sont construites autour de l’eau. Cela est essentiel à comprendre raison pour laquelle depuis les années 90, des personnes physiques et morales se battent pour que soit reconnu le droit à l’eau pour tout individu et contre une « marchandisation » à outrance du bien eau, au nombre desquels Ricardo Petrella, pour que les plus démunis singulièrement aient accès à cette denrée vitale. L’eau est aussi un bien environnemental car indispensable à la survie des espèces et au bon fonctionnement des écosystèmes tant humain que naturel. Travailler à pérenniser les ressources en eau revient à protéger de milliards d’êtres vivants qui nous sont vitaux ne saurait ce qu’en se référant à la chaîne alimentaire.
A ces trois dimensions, l’on peut rajouter celle politique qui a toujours existé mais qui s’est exacerbée suites aux contraintes grandissantes qui pèsent sur les ressources dont la démographie et le changement climatique. L’on se saurait aujourd’hui ignorer cette caractéristique en témoignent les revendications des évènement de janvier-février 07 en Guinée où le déficit de l’accès à l’eau a été surtout ressentie comme la pire des injustices symbole de l’échec de toute une gestion publique. A l’international, se garantir de l’eau est devenu un enjeu important pour les Etats tant sa disponibilité conditionne les modèles de développement dans les économies. La gestion des fleuves partagés engendre souvent des querelles où s’expriment des logiques de force (Nil, Euphrate, Jourdain…) de la part des Etats et sans oublier aussi au sein des pays les conflits de partage sont récurrents entre différents acteurs (industriels, agriculteurs, ménages, éleveurs…).

Ces quatre dimensions font de l’eau de nos jours un enjeu majeur de développement pour nos pays, une ressource dont l’accès à tous est primordial notamment aux plus démunis car, si l’eau est source de vie, son manque ou sa mauvaise qualité peut engendrer la mort. La question de l’eau est au centre de tout développement qui se veut durable et nul ne devrait l’ignorer et elle est devenue un ressource très stratégique dans un monde déjà très vulnérable où l’agriculture dans les PVD occupe 60% de la population active sans oublier la défense du modèle agricole dans les pays développés, où les effets du changement climatique se ressentent dans l’accroissement de la variabilité spatio-temporelle des précipitations, où près de 1,5 milliards de personnes n’ont pas accès à un service adéquat d’eau et d’assainissement, où 900 millions d’individus vivent dans des taudis, où encore plus de 850 millions d’Hommes souffrent de la faim dont 200 millions tributaires de l’aide alimentaire…Bref maîtriser l’eau, garantir son accès en qualité et en quantité aux populations ( pour leur vie et activités économiques) est une question de survie n’est ce pas la raison pour laquelle il se dit souvent…si le 20 ème siècle fut celui de la guerre pour le pétrole, le 21 ème sera probablement celui pour l’eau…Espérons que l’Homme par son intelligence nous fera éviter les conséquences encore visibles de la conquête du pétrole.

«Selon les résultats de l’enquête QUIBB 2002, le taux d’accès à l’eau potable s’est sensiblement amélioré, atteignant 62% en 2002 contre 49% en 1999. Cette amélioration a été moins forte dans les zones rurales, avec un taux d’accès qui passe de 45% à 52,3%, alors qu’il s’est établi à 85,6% en zone urbaine au cours de la période. Il est à noter que, dans les zones rurales, les forages constituent la principale source d’approvisionnement en eau potable: 45,1% des ménages ruraux utilisent les forages comme source d’approvisionnement en eau, contre 6,5% pour les puits protégés/sources aménagées. Par contre, dans les centres urbains, 71,4% des ménages utilisent le robinet et seulement 4,7% pour les forages. Si des progrès réels ont été accomplis au niveau national, il est à noter cependant qu’au niveau de la capitale, les conditions d’approvisionnement en eau potable se sont sensiblement dégradées au cours des deux (2) dernières années. En effet, plusieurs quartiers de la capitale sont aujourd’hui privés d’eau du robinet. D’autres quartiers qui ont bénéficié de nouvelles extensions du réseau de distribution ne sont pas encore desservis en eau potable » [Sont considérées comme sources d’approvisionnement en eau potable : robinet, puits protégés/ sources aménagées, forages, vendeur/camion citerne. Le taux d’accès à l’eau potable est calculé par rapport aux ménages utilisant l’une de ces sources et consacrant moins de 30mn pour y aller]. (Rapport PNUD sur les OMD en Guinée, 2004).
Ce constat n’est reluisant pour personne car la vie de millions d’individu sont en jeu mais en terme de responsabilité le politique l’endosse. Les raisons à cela peuvent être multiples au chef desquelles un manque indéniable d’une certaine volonté politique car il est clair que l’accès à l’eau n’a vraiment jamais été une priorité politique. Si non, comment expliquer que même dans la capitale un bon nombre de quartiers périphériques où pourtant se concentre l’essentiel de la population n’aient seuls recours en terme d’approvisionnement que des forages ou des puits avec une qualité qui laisse à désirer et toutes les conséquences sanitaires possibles. Dans les grandes villes souvent situées au bord de cours d’eau continentaux le même constat peut se faire. Reconnaissons que l’engagement politique dans ce domaine a vraiment failli au regard des préoccupations de laborieuses populations à trouver de l’eau pour se nourrir et faire face à leurs activités quotidiennes Imaginons un seul instant combien de temps une famille située dans un quartier périphérique consacre par jour à la recherche de l’eau, cela mérite réflexion en terme d’investissement humain. A cela il faut ajouter le manque de service adéquat d’assainissement permettant d’assurer une certaine qualité de l’eau par le traitement des déchets et l’épuration des eaux usées.

Le deuxième problème est lié est l’instabilité dans l’organisation du secteur car si l’efficacité dans la fourniture d’un service d’eau et d’assainissement requiert d’importants financements, l’organisation du secteur en est un autre. Le secteur de l’eau est un secteur par excellence qui a besoin de stabilité institutionnelle, les relations entre différents partenaires doivent être pérennisées et cela a fait défaut à la Guinée. Combien de fois les entreprises assurant les services dans ce domaine ont changé de statut, le plus souvent sans une véritable étude permettant de comprendre les raisons de l’échec des modèles antérieurs. De la gestion publique totale à la celle privée, il existe nombre de possibilités de contrats entre l’Etat et les entreprises et il est clair que la gestion de la Société Nationale des Eaux de Guinée, n’est certainement pas un modèle au regard des résultats actuels, même si cela ne veut pas dire aller à la privatisation complète du réseau, chose ayant produit ses limites. Pour terminer on traitera de la responsabilité collective qui est celle des citoyens dans l’ensemble car, le développement comme le disait François Perroux est avant tout une question de changement dans les mentalités. Le secteur de l’eau en Guinée n’est pas un cas isolé, le bien public par essence n’est la propriété de personne, combien de fois il nous est arrivé de dépasser un tuyau d’eau ouvert sans attention, combien de fois il nous est arrivé de gaspiller l’eau à la fontaine sans discernement…voilà quelques actes au quotidien qui méritent réflexion parce que si le développement dont nous ambitionnons pour la plupart pour notre pays émane tout d’abord d’une volonté politique réelle, sa matérialisation passe forcément par l’engagement de tous vers des comportements plus responsables notamment à l’égard de tout ce qui sert la collectivité d’où l’intérêt de développer individuellement et collectivement tout une culture de respect et de protection du bien public.

Aujourd’hui, il est important d’aller vers une autre politique de l’eau en Guinée. Depuis quelques mois, l’on s’aperçoit des actions urgentes engagées par les nouvelles autorités du pays pour répondre à la forte demande sociale ; cela ne peut être que salutaire. Mais une fois de plus les initiatives devraient aller loin et beaucoup plus loin encore tant les enjeux sont importants.

L’eau est avant tout un bien indispensable à la vie et surtout non substituable et de ce fait, son accès devrait être considéré comme un droit pour tout citoyen, chose n’excluant en rien le fait qu’elle ait une dimension économique. Ce principe de base doit figurer dans les législations nationales et faisant de la puissance publique le garant de l’accès à l’eau pour tous par la fourniture d’un service adéquat dans ce sens. Ce principe est certes lourd de conséquences pour l’Etat, mais son adoption permettra de redéfinir de nouvelles approches avec l’ensemble des acteurs du secteur pour aller vers un véritable service public de l’eau de l’assainissement parce que tout simplement, manquer d’eau potable et en quantité peut rendre vain nombre d’efforts consentis en matière d’amélioration des conditions de vie des populations, principalement des plus laborieuses.
L’eau est une ressource renouvelable, mais limitée dans le temps et l’espace, d’où l’adoption d’une approche de gestion par la demande ; inciter les ménages à mieux utiliser la quantité disponible pour lutter contre les gaspillages d’où l’importance à l’échelle nationale de campagnes d’information et de sensibilisation sur les enjeux que cette ressources représente représentent. On le sait dans nos pays le gros problème dans la gestion de l’eau est lié à la maîtrise de l’eau agricole, les techniques d’irrigation économes demandant des investissements tant humains que financiers mais de leur degré d’adoption dépend le maintien des activités à long terme. D’où l’importance de cette transition et c’est aussi une question de responsabilité intergénérationnelle. Je suis conscient que d’importants efforts sont nécessaires en terme de techniques agricoles, d’accès aux technologies mais s’engager dans ce sens s’avère nécessaire tant le statu quo sera lourd de conséquences pour les prochaines générations.

Pour ce qui est du financement, il n’est un secret pour personne que les infrastructures d’eau et d’assainissement sont très capitalistiques dont l’amortissement tourne autour de 20 à 30 ans, ce qui limite fortement l’engagement des acteurs privés et l’Etat Guinéen ne pouvant assurer l’équipement du territoire national pour des raisons de contraintes budgétaires entre autres. La mise en place de véritables partenariats public-privé est donc essentielle, certes des biais existent dans ce type de relations mais il appartiendra au politique au nom de l’intérêt général de les minimiser car, l’eau doit rester dans le sillage du public. Des exemples venus d’ailleurs ont prouvé qu’ils peuvent donner satisfaction donc leur réussite en Guinée n’est pas chose impossible si la volonté politique y est. L’eau est un bien très sensible aux conditions politiques qui règnent dans un pays, un climat de paix et de sécurité peut limiter fortement les incertitudes en terme d’investissement des acteurs principalement les entreprises mais aussi les bailleurs de fonds et les ONG, d’où tout l’intérêt d’avoir un système politique stable dans l’espace et le temps. On comprend à travers cet exemple toute l’imbrication des politiques de développement à l’échelle nationale et le rôle de la puissance publique dans la création des conditions dont la première demeure la stabilité politique.
En terme de gouvernance, l’accent doit désormais être mis sur à deux niveaux, à savoir une gestion locale parce que l’eau est avant tout une ressource locale permettant l’implication des communautés concernées et une gouvernance à l’échelle des bassins au niveau des grand fleuves en travaillant à la mise en place d’une gestion intégrée permettant de prendre en compte l’ensemble des dimensions de l’eau ainsi que les acteurs concernés. Il est difficiles ici d’imaginer des schémas institutionnels pré-établis, mais des exemples venus d’ailleurs prouvent à suffisance que la question de l’eau ne saurait être abordée simplement selon une logique financière. Certes son accès à tous nécessite des coûts qui peuvent être énormes dans certains cas, mais c’est aussi un bien social et environnemental dont les bénéfices s’évaluent en terme de gains sociaux. En plus de cela, la puissance publique devrait rester le « maître du jeu », parce que l’eau a une dimension sociale et politique très importante d’où sa nécessaire intégration dans le cadre de véritables politiques publiques. En fin, l’on ne soulignera jamais assez tout l’intérêt d’impliquer dans la gestion des ressources en eau les bénéficiaires pour aller vers une véritable gouvernance dans ce domaine afin d’aboutir à un engagement des acteurs dans la gestion et la préservation desdites ressources.
Toute nouvelle politique devrait intégrer la dimension internationale des cours d’eau de la Guinée, travailler dans une approche globale avec les pays partenaires pour la préservation des ressources en eau et leur mise en valeur. Etre acteur majeur dans les organisations de Bassin (OMVG, OMVS, le Niger) par l’adoption d’une vison proactive, développer des politiques de reboisement et pour réussir cela le renforcement des compétences des acteurs demeure indispensable d’où tout l’intérêt de promouvoir l’enseignement des métiers et la recherche liés à la gestion et à la protection des ressources en eau. Faire du partage du savoir et du savoir faire dans un ce domaine une priorité afin que tous comprennent les enjeux associés à la ressources de nos jours.
L’accès à l'eau enjeu majeur de développement en Guinée et dans nombre de PVD, c’est avec ce titre que nous allons essayer de conclure cette synthèse qui loin de fermer les débats, qui en réalité ne fait que les ouvrir. Chose importante, cette synthèse permettra je l’espère au lecteur de comprendre un peu l’imbrication des politiques développement de nos pays et l’influence de la politique internationale sur nos choix sociaux ainsi que les contraintes et opportunités qu’elle engendre. Revenant strictement sur la question abordée, on ne le dira jamais assez combien de fois elle est désolante la situation actuelle et ce malgré les dotations naturelles dont nous disposons. L’accès à l’eau et à l’assainissement doit demeurer une priorité nationale et les exemples tant passés que présents montrent que l’implication du politique est déterminante et il existe plusieurs logiques d’intervention et quelle que soit la forme adoptée en matière de partenariat public privé, la puissance publique doit être le garant de la fourniture de l’eau et de d’un service d’assainissement aux populations. L’eau une fois de plus ne saurait être laissée à la seule logique financière mais de là pousser à la gratuité des services d’eau et d’assainissement est une réponse non adoptée à la situation Guinéenne voire contre productive. Les services de l’eau et d’assainisse ont des coûts qui doivent être assurés par la collectivité, ce qui veut dire que tout un chacun en fonction bien évidemment de ses capacités contributives à le devoir d’y participer. Il s’agira dans l’avenir pour les autorités politiques aidées par des compétences (chercheurs, techniciens…) de faire preuve d’imagination et d’inventivité pour trouver les schémas institutionnels où se retrouvent non seulement les entreprises, les pouvoirs publics, les partenaires au développement mais aussi les usagers pour discuter des problèmes de l’eau (financement, logiques de gestion, tarification, protection…) pour que chacun en ait accès, notamment les plus démunis. Cette idée d’innovation et d’adaptation de modèles est importante car l’un des biais fondamentaux des stratégies et politiques de développement antérieurs et même actuels dans une moindre mesure, a été de plus souvent d’avoir cru à des schémas pré-établis et le secteur de l’eau malheureusement n’a pas fait exception. Il ne s’agit pas pour terminer de fustiger l’intervention du privé dans le secteur et loin de là, mais tous les exemples de réussite dans ce domaine l’ont été par un engagement/réengagement de la puissance publique permettant de structurer et réguler le secteur d’où l’intérêt d’avoir une politique claire dans ce secteur et y consacrer une part substantielle des dépenses publiques.

Ces quelques éléments permettront de faire de l’eau un secteur prioritaire en terme d’investissement public. L’eau est une ressource vitale et les contraintes pesant sur elle à savoir la pression démographique et le changement climatique accentueront à coup sûr sa dimension stratégique pour les économies. Voilà toute l’importance de mener ensemble une réflexion globale sur une nouvelle orientation politique dans ce domaine pour mieux comprendre les enjeux, définir des principes et mode d’action, bref anticiper… car gouverner, c’est avant tout prévoir

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